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À propos EricB

Spécialiste des communications stratégiques

Coucours international de reporter radio

Au printemps 1992, j’ai été choisi avec François Colas parmi une multitude de candidats de partout au Canada, pour représenter la SRC à un concours international de reporter radio, la Bourse René-Payot.

Eric Barbeau et François Colas

Eric Barbeau et François Colas, les candidats canadiens au concours international de reporter radio de la CRPLF en 1992 et Benoît Lavoie, coordonnateur du concours pour la SRC.
Photo: SRC / Circuit fermé

Le jour de l’épreuve en direct, le 6 avril 1992, face à des concurrents de Belgique, de France et de Suisse, ma performance nous a fait vivre toutes sortes d’émotions. Je savais que je devais prendre un risque pour me démarquer. Pendant la présentation de mon projet de reportage sur la surdité, j’ai opté pour un long silence. Inutile de dire que j’ai attiré l’attention des juges internationaux… qui m’ont proclamé gagnant. Mais je n’oublierai jamais la voix de ce juge belge, au bout de la ligne de duplex. «Je crois qu’il y a une erreur de calcul…»

Finalement, j’ai fini deuxième, à trois maigres petits points du gagnant, Christian Roudot de France, sur un total possible de 1000 points!

Chaque année depuis 1982, la Société Radio-Canada choisit deux candidats à travers le pays pour la représenter à ce prestigieux concours. Le gagnant de l’épreuve en direct se mérite une bourse d’environ $10000 et un stage à l’étranger.

 

Nou se Lavalas

L’élection de Jean-Bertrand Aristide à la présidence haïtienne en décembre 1990 était porteuse d’énormes espoirs. Pour plusieurs observateurs de la scène politique internationale, il s’agissait d’un moment historique. Haïti, premier peuple noir à s’affranchir de l’esclavage en 1804, reprenait encore une fois le contrôle de sa destiné en élisant cette fois un prêtre comme président. 68% des électeurs ont voté pour Aristide. Le parti du prêtre-président, Lavalas (le torrent en créole), semblait canaliser l’énergie de toute une nation, après les cinq ans de chaos qui avaient suivi la fuite de Jean-Claude Duvalier en février 1986.

À l’époque, j’étais producteur-délégué d’une série d’émissions sur les pays en voie de développement intitulée Latitude Sud, pour TV5. Après l’élection en décembre, il était clair que nous devions immortaliser l’arrivée au pouvoir de Titid. Montréal comptait la troisième plus importante diaspora haïtienne des Amériques après New-York et Miami. TV5 nous a donc envoyés faire un grand reportage de 30 minutes.

Ces dix jours dans la Perle des Antilles ont changé ma vie. L’émotion, la proximité des Haïtiens avec le Québec, le caractère historique de l’événement et le charisme d’Aristide rendaient ce reportage international tout-à-fait magique. J’ai publié de nombreux articles sur l’entrée en scène d’Aristide à mon retour à Montréal.  Je sentais que nous devions témoigner coûte-que-coûte de ce qui se passait là-bas. L’euphorie du moment s’est vite estompée toutefois.

En juillet 1991, Coprocom, la compagnie de production qui m’employait, fait faillite. Puis le 30 septembre 1991, le chef de l’armée Raoul Cédras organise un putsch militaire et chasse Aristide du pouvoir. Le côté marxiste et populiste du président Aristide avait aliéné les classes dirigeantes cantonnées à Pétionville, la banlieue cossue de Port-au-Prince. Son règne n’aura été que de sept mois.

Jean-Bertrand Aristide a été ré-installé au pouvoir par Washington et une force multinationale en 1994. Il sera ré-élu président pour un mandat de cinq ans en 2000.

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Montréal Campus

À l’époque de mon recrutement comme rédacteur en chef du Montréal Campus, j’étais encore inscrit à l’Université de Montréal. Mon travail à la radio CISM de l’Université de Montréal m’a donc  mené tout droit à la direction du journal étudiant de… l’UQAM!

À la fin des années 80, Montréal Campus était encore le seul journal étudiant de l’Amérique du nord totalement indépendant, tant politiquement que financièrement. La publication s’auto-finançait par la publicité. Un café était exploité à même les locaux de la rédaction, rue Ste-Catherine Est. Tous les membres permanents de la rédaction étaient payés et les collaborateurs recevaient un cachet pour leurs textes.

En éditorial, j’ai été appelé à prendre position sur l’actualité étudiante de l’époque au sens large. En 1989, le président de la Chambre de commerce de Montréal critiquait ma position sur le dégel des frais de scolarité à l’université. -Trente-, le magazine du journalisme québécois, m’a aussi interviewé en 1989 sur le rôle et la place des médias étudiants.

Montréal Campus était considéré -et est encore considéré!- comme une pépinière de futurs journalistes professionnels. Son contenu, dans la faune des publications militantes, était perçu comme une référence en terme de crédibilité et de qualité. Le journal a célébré ses 30 ans d’existence en 2010 et j’étais bien fier d’être cité dans le numéro spécial du Devoir du 23 février 2011.

La radio dans la marge

Quand j’ai mis les pieds dans les locaux de CISM pour la première fois en 1988, la radio étudiante de l’Université de Montréal n’émettait que sur circuit fermé. J’avais répondu à une annonce placardée partout sur le campus à l’effet que l’on cherchait des projets d’émissions. Quelques jours plus tard, j’étais en ondes et j’animais une émission d’information intitulée L’Actuel.

Eric Barbeau au micro de CISMMon deuxième passage à CISM a eu lie en 1991 au service des nouvelles. La station était passée depuis sur la bande FM à la fréquence 89.3FM. Il s’agissait d’une tribune extraordinaire. Avec un émetteur de 10 000 watts, on pouvait nous entendre partout dans la grande région de Montréal. Nous étions affiliés au réseau NTR de la Presse canadienne que nous alimentions régulièrement en reportages.

Lors du putsch en Haïti qui a chassé le président Aristide du pouvoir pour la première fois en septembre 1991, j’ai mis mon carnet d’adresses au profit de CISM.  Mes entrevues à distance (parfois en direct) avec des membres du gouvernement Lavalas, cachés dans leur pays, ont vite fait parler d’elles dans la diaspora.

Cliquer sur le micro pour entendre l'audio

Cliquer sur le micro pour entendre l’audio

J’ai reçu un prix NTR en 1991 pour ma couverture du conflit.

Mes débuts

À l’adolescence, j’avais deux passions incommensurables: la course de demi-fond et la photo. Je faisais partie de Regina Mundi, le meilleur club d’athlétisme au Canada. J’avais été recruté par le légendaire Ben Leduc. Sous sa tutelle, j’ai remporté plusieurs médailles dans des championnats québécois sur piste et en cross-country.

Course du Parc Olympique, Montréal 1982

Eric Barbeau, aux 5 kilomètres sur route du Parc Olympique, à Montréal en 1982. Premier des moins de 16 ans!

J’ai même été des Championnats canadiens des moins de 16 ans en 1982 sur 800, 1500 et 3000 mètres. Mes coéquipiers étaient entre autres Rosey Edeh, Sylvain Lake, Alain Métellus et Daniel St-Hilaire.

Un accident stupide de basket a abruptement fait éclater ma bulle. Ligament croisé antérieur déchiré. Chirurgie obligatoire.

Cette blessure au genou m’a tenu à l’écart des pistes d’athlétisme pendant six mois. Pendant la convalescence, je me suis naturellement replié sur ma deuxième passion: la photographie. J’ai appris à manipuler les chimies dans la chambre noire de l’école secondaire le midi (bien avant la photo numérique). La seule façon pour moi de réussir à assister aux compétitions d’athlétisme sans avoir complètement le cafard perché sur mes béquilles, c’était de m’y présenter muni de mon vieux Yashica FX-3.

Magazine de la Fédération d'athlétisme du Québec

En septembre 1984, Lizann Bussières vient de remporter le Marathon de Montréal et moi, je viens de faire ma première page couverture comme photographe. Cette photo a aussi été publiée dans la revue Spiridon de Suisse.

Je connaissais ce sport et ses athlètes de fond en comble. D’image en image, mes photos ont été remarquées et publiées dans la revue de la Fédération d’athlétisme du Québec.