Archives de catégorie : Société

Les gestes démodés

Dans le monde des relations publiques, notre travail est de plus en plus porté sur les communications numériques. Même la lecture des journaux se fait maintenant à l’ordinateur ou sur une tablette. Les textes, et les idées qu’ils contiennent, se dissipent aussitôt lus… et partagés sur Facebook.

Heureusement qu’à d’autres moments, des gestes personnels et quelque peu démodés nous ramènent dans l’organique et le durable. Des gestes qui nous rappellent que les écrits devraient normalement rester et non pas se dissoudre dans le cyberespace.

Mia, notre graphiste, a récemment fait livrer une boîte de documents en prévision d’une conférence que nous donnions le lendemain chez un client. En ouvrant la boîte, j’ai découvert sur le dessus une petite note écrite à la main : « Bonne présentation! » Cette petite attention, toute simple, m’a beaucoup impressionné et m’a fait penser à ce que Seth Godin avait appelé, en septembre 2012,  « The simple power of one a day ». Dans ce billet, il dresse une liste de gestes semblables qui font de nous de meilleurs communicateurs.

CartePostaleOn reçoit tellement de messages numériques sur Facebook, par Twitter ou par courriel, qu’une carte avec un mot écrit à la main devient une espèce de trésor dont on ne veut plus se départir. N’est-il pas vrai qu’il n’y a rien de plus magique qu’une carte postale (même la plus criarde d’entre elles), qui met certes des semaines à nous parvenir, mais qui reste ensuite aimantée sur notre frigo pendant des mois?

En 2012, l’histoire d’une bouteille lancée à la mer en Gaspésie par deux adolescentes et qui traverse l’océan pour aboutir sur une plage en Irlande, huit ans plus tard, nous a émus et a fait le tour du monde.

Quand je suis venu signer mon dernier contrat d’embauche, j’ai été séduit par un geste du même ordre. Je patientais dans la salle de conférence et j’entendais au loin la directrice-générale demander à la ronde : «Qui a vu mon beau stylo»? Sortir son plus beau stylo pour la signature d’un contrat, c’est souligner l’importance du moment. Qui n’aime pas se sentir spécial?

Bien peu d’entre nous s’adonnent encore aux beaux stylos et aux cartes soigneusement calligraphiées. Or, à l’ère du web 2.0, ces gestes démodés ont plus de saveur et d’impact que jamais. La rareté créé la valeur.

© Eric Barbeau / BARBEAU-IMAGES

Crépuscule d’automne

J’ai immortalisé ce moment d’intimité il y a exactement 20 ans, au cours d’une promenade d’automne sur la plage de Kitsilano. Je ne les connaissais pas; je ne leur ai jamais parlé. Je me souviens d’avoir été touché par la scène: deux tourtereaux âgés admirant le coucher de soleil, en retrait de l’agitation du centre-ville, loin derrière.

Quand j’ai fait cette image en octobre 1993, j’imaginais un très vieux couple. Je les sentais unis par les souvenirs d’une longue vie à deux, émus par les chaudes lumières de l’automne, moments bouleversants marquant la fin du jour, la fin de l’été, voire la fin de leur vie.

Bien des crépuscules ont eu lieu depuis cette image, que j’ai retrouvée il y a quelques semaines à peine. Je voulais offrir cette photo en cadeau, pour symboliser l’amour qui dure. Signe des temps: je n’ai pas eu le temps d’en faire un tirage que le présent symbolique était déjà devenu désuet et non pertinent. Le fichier traîne sur le desktop de mon ordinateur depuis.

En réfléchissant à la volatilité amoureuse qui caractérise notre époque, je me suis surpris à penser qu’au fond, mes perceptions -vos perceptions?- peuvent être déformées par les normes et les clichés. Les tourtereaux de Kits Beach venaient peut-être à peine de se rencontrer quand je les ai photographiés. Et si c’était l’émotion d’un nouveau début qui les captivait tant quand la lentille de mon vieux Yashica a croisé leurs silhouettes voûtées? Et si la grande force de cette image ne résidait pas tant dans une incarnation de la résilience amoureuse, mais plutôt parce qu’elle représente l’espoir des commencements, même quand on est vieux? Et si…?

Et si, parfois, les crépuscules étaient des aubes?

L’intégrité dans un état de droit

À l’ére de la « twittosphère » et des campagnes électorales 2.0, les raccourcis abondent.

L’intégrité est le thème favori des partis d’opposition. Mais pourtant, les moyens qu’ils préconisent pour en favoriser la protection sont plutôt absents de leurs plateformes. Que comptent-ils faire pour protéger et renforcer notre système judiciaire? Quel engagement financier? Le bâtonnier du Québec, Nicolas Plourde, dont le rôle, rappelons-le, est de veiller à la protection du public en matière de Justice, réclame en vain de tels engagements depuis des semaines.

La question n’est pas banale; elle est au cœur même de notre vie démocratique, mais représente à peine 1% des dépenses actuelles de l’état, selon le Barreau.

Il y a de quoi s’inquiéter, car à la lumière de l’actualité électorale, on a en effet de plus en plus l’impression que les fondements de l’état de droit sont mis à mal au Québec. Je parle ici d’un état complètement laïc, fondé sur le principe de l’égalité citoyenne et d’un partage équilibré des pouvoirs entre l’exécutif (gouvernement), le législatif (les 125 députés de l’Assemblée nationale) et le  judiciaire (policiers, procureurs de la Couronne, Tribunaux).

Dans cet état de droit laïc, les débats parlementaires, les décisions collectives, la bonne marche de l’état et le cours de la justice doivent faire fi des croyances, des impressions et des ragots. C’est un système factuel, basé sur des règles et des lois, telles que votées par les députés que nous élirons dans moins de trois semaines. Or, à quoi les candidats se sont-ils engagés jusqu’ici pour améliorer l’accès à la justice ou pour donner de réels moyens à la lutte à la corruption? Bien  peu de choses. Me Nicolas Plourde les pourchasse littéralement sur Twitter pour qu’ils se mouillent davantage.

Car il faut aller au fonds des choses. N’évoquer l’intégrité que par le biais d’insinuations contribue à un climat de méfiance extrême dans l’opinion publique face à TOUT ce qui relève du judiciaire. Défendre l’intégrité devrait pourtant signifier qu’on s’emploie à préserver l’équilibre des moyens financiers entre les différents pouvoirs, ça devrait signifier qu’on s’assure que tout citoyen peut raisonnablement avoir accès à un avocat. Défendre l’intégrité devrait vouloir dire qu’on s’assure que toute personne soupçonnée d’avoir enfreint les lois du Québec (ou le Code criminel, qui relève d’Ottawa) soit éventuellement jugée selon les règles de preuve et non pas qu’elle soit lynchée médiatiquement. C’est même le rôle des futurs élus de promouvoir ces principes et d’éduquer les électeurs par rapport à cet extraordinaire rempart qu’est la justice, au sens large,  face aux possibles dérives de pouvoirs qui deviendraient arbitraires… ou paresseux. Bref, parler d’intégrité ne veut pas dire qu’on se livre au jeu des insinuations, des amalgames douteux et des raccourcis de toutes sortes. C’est véritablement donner les moyens au système de faire son travail pour tous.

J’insiste sur la responsabilité des élus à cet égard. Leur rôle pédagogique est crucial, car les électeurs deviennent cyniques non seulement face à la politique, mais face à la justice tout aussi également. Cette année, on n’a cessé de questionner de grands criminalistes dans les talk-shows sur leurs motivations à représenter tels ou tels criminels, dans un contexte d’opprobre populaire. Incroyable de voir des représentants des médias remettre en question leur choix de carrière! J’affirme ceci : je monterais au créneau demain matin si on empêchait qui que ce soit, même le pire criminel, d’avoir accès à un avocat de la défense. Oui, je me battrais pour qu’il soit entendu en Cour et pour que ses accusateurs aient à présenter une preuve solide. Tous ceux qui aspirent à siéger à l’Assemblée nationale du Québec devraient pouvoir en faire autant.

J’entends déjà des détracteurs dire que si l’un des miens avaient été assassiné, je penserais autrement. J’en vois d’autres m’accuser d’être un gauchiste fini. Il n’en est rien. Je suis totalement en faveur de la loi et l’ordre. Mais pas dans le sens expéditif. Pas pour qu’on prenne des raccourcis. Pas pour qu’on juge plus vite, parce qu’on a escamoté les règles de l’état de droit. Je suis en faveur de la Loi et l’ordre en donnant plus de moyens à tous les rouages du système judiciaire : procureurs, enquêteurs, justiciables, tribunaux, accusés. Je veux un système judiciaire fort, solide et en moyens, car c’est ma garantie, comme citoyen, que si je suis un jour accusé à tort, j’aurai droit à un procès juste et équitable. Pour moi, c’est le ciment qui assure la paix sociale et c’est aussi important que la santé ou l’éducation.

Mais encore? Il faut maintenir l’équilibre (certains membres présumés du crime organisé ont des moyens disproportionnés par rapport à ceux des substituts du procureur-général et de grandes sociétés ont l’argent pour s’engager dans des mesures quasi dilatoires pour décourager les poursuites), en s’assurant de favoriser l’accès à la justice pour les citoyens ordinaires, en s’assurant de bien financer le travail des procureurs de la Couronne, en s’assurant que les Tribunaux ont le personnel pour entendre les causes rapidement, s’assurer aussi, car c’est le tout premier rouage du système judiciaire, que les forces policières disposent des ressources pour mener à bien leurs enquêtes.

On semble l’avoir oublié au Québec au cours des derniers mois : dans l’état de droit, le rôle de l’enquête est sacré. Qu’il s’agisse de drames familiaux ou de corruption, c’est là que la preuve est amassée. Dans l’état de droit, on ne procède pas par associations, par stéréotypes, par impressions ou par amalgames douteux. La preuve doit correspondre à des critères précis et être récoltée par des moyens légaux. Parfois c’est long. Parfois, il manque de temps ou de policiers. Souvent la pression publique est énorme. Parfois, les policiers sont renvoyés faire leurs devoirs parce que la Couronne estime qu’on ne lui fournit pas suffisamment de preuves pour aller à procès, selon les lois, la jurisprudence et les règles de procédure en vigueur.

Car oui, pour que le système continue de fonctionner, il faut faire un effort. Un effort moral. Un effort intellectuel. Mais surtout, un effort financier. Il faut un engagement immuable contre le cynisme et les raccourcis. Tous les candidats doivent s’engager dans cette défense du système judiciaire, parce que présentement, les citoyens (et certains députés) ont tant perdu confiance qu’ils souhaite que les journalistes fassent  le travail à la place des autorités. Pourquoi pas? Ne dit-on pas que les médias sont considérés comme  le quatrième pouvoir? D’accord pour ce qui est de soulever des questions. Oui, pour talonner les élus. Mais faire enquête à la place de la police, sans avoir à respecter les règles de preuve qui fondent notre système judiciaire? Absolument pas!

C’est pourtant ce qui risque d’arriver de plus en plus si on ne soutient pas davantage le monde judiciaire. Un système sous-financé et mal encadré cède aux raccourcis médiatiques, au cynisme et au désabusement. Quand des policiers laissent couler des informations sur des filatures avortées, c’est un signe que notre démocratie est réellement en péril. Or, si les policiers désespèrent de pouvoir porter des accusations, peut-être manquent-ils de ressources? Peut-être que les lois en vigueur donnent trop d’avantages aux criminels présumés? Attardons-nous plutôt à cela. Mais de grâce, ne créons pas un système de justice parallèle, dans lequel une fois à bout de moyens ou de preuve, les policiers coulent des infos aux médias pour qu’ils finissent la job!

Il n’y a pas de raccourci possible : préserver l’intégrité, c’est s’engager à investir dans la justice. À tous les niveaux.

Mes oncles et leurs voitures

Choisir un téléphone portable de nos jours, c’est l’équivalent de faire un “fashion statement”. C’est dire: “J’ai choisi de porter telle ou telle étiquette”. Les faits technologiques ou commerciaux sont totalement occultés de ces réflexions, qui ne dépassent presque jamais le stade de la croyance. Être cool pour les uns signifie avoir un téléphone de tel ou tel système d’opération. Point à la ligne.

C’est comme si les téléphones portables étaient devenus les voitures d’autrefois.

Quand j’étais gamin dans les années 70, mes oncles se réunissaient chez mes grands-parents le weekend et débattaient inlassablement des vertus de leur voiture. Mon père, irréductible conducteur de Ford, ne comprenait pas que son beau-frère ose se montrer au volant d’une Renault française ou que mon oncle Maurice ne jure que par les criardes Chrysler.

Mon père croyait que Ford offrirait à jamais le meilleur produit puisqu’ils avaient littéralement inventé la production de masse d’automobiles. Ces longs débats (teintés d’une extrême mauvaise foi) se sont poursuivis durant des années. Ils relevaient davantage de la croyance que de la raison.

Trente-cinq ans plus tard, les p’tits monsieurs de mon âge parlent davantage de mobiles que d’automobiles, mais dans leurs débats sévit une guerre de conviction semblable.

Il y a les admirateurs de Google, les inconditionnels d’Apple et de Steve Jobs, les accros dépressifs au BlackBerry, les jovialistes du Windows Mobile. Une guerre de clochers qui se comprend à l’échelle des consommateurs, mais qui est plus difficile à expliquer quand elle se poursuit du côté des entreprises.

Revenons à mon parallèle: quand mon père allait voir des clients au volant de son véhicule de fonction, son avis sur la supériorité des Ford n’avait aucun impact. Il conduisait une GM comme tous ses collègues.

Or aujourd’hui dans le cadre de mes fonctions, j’entends de plus en plus de gestionnaires d’entreprises déclarer des choses surprenantes quand vient le temps de mobiliser leurs processus d’affaires. “C’est Apple qui a la cote” ou “BlackBerry n’est plus dans le coup” ou encore “Google a vraiment la meilleure technologie”.

Plus souvent qu’autrement, on est dans la croyance là aussi! Le choix du type d’appareil mobile devrait pourtant être la toute dernière de leurs considérations! Mais ils se butent aux apparences. Or croyez-moi, démarrer un projet de mobilisation de processus d’affaires de cette façon, c’est vraiment regarder les choses du mauvais côté de la lorgnette.

Quand un dirigeant veut brancher ses employés mobiles en temps-réel sur les sytèmes TI de l’entreprise, il devrait voir le téléphone portable comme un outil qu’il fournit aux troupes. Comme un tournevis ou un camion. Pas comme un bijou. Comme la Ford que mon père conduisait un peu à contrecoeur.

D’où vient cette idée aujourd’hui, qui veut que les employés aient un droit immuable d’afficher leur “cool” au travail? Ne devrait-on pas se concentrer sur la façon d’accomplir des tâches mobiles de la manière la plus productive et la plus économique possible?

Encore mon analogie “auto-mobile”. Oui être cool pourrait vouloir dire conduire une Ford Mustang pour certains. Mais être productif, serait aussi de pouvoir transporter une grande quantité de boîtes à livrer à des clients. Cool, pas cool, il y a des choses que les Mustang ne peuvent pas faire…

Note: ce qui serait complètement absurde à mes yeux, serait d’essayer de livrer des meubles avec une Ford Mustang ou encore de sortir avec sa nouvelle conquête sur le boulevard St-Laurent avec un camion de 12 pieds.

Dans le mobile, certaines plateformes ont des caractéristiques bien particulières pour le travail. Sécurité, gestion de flotte, compression des données, diagnostics et interventions à distance, Near Field Communication (NFC). Je ne dis pas qu’une seule plateforme pourra à jamais offrir ce genre de fonctionnalités. Après tout, qui aurait pu prédire en 1975 que le marché automobile nord-américain serait investi, moins de quarante ans plus tard, par une bonne douzaine de compagnies étangères? Voilà bien la preuve qu’on ne connaît pas l’avenir. Surtout que dans l’industrie des télécoms, les cycles ne se comptent pas en terme d’années mais bien en terme de mois.

Mais une chose est sure: les dirigeants d’entreprises devraient canaliser toute leur attention sur des capacités et des fonctions… pour entreprises! Certainement pas sur la mode du moment ou la valeur des actions d’un fabricant donné.

Un projet de mobilisation des processus d’affaires doit être bien conçu dès le depart. C’est un moyen et non pas une fin en soi. Normalement à la fin de l’analyse, le choix de l’appareil mobile s’impose de lui-même. Car la valeur ajoutée de l’initiative doit pouvoir se mesurer facilement. Peut-être pas cool, mais certainement rentable!

Nous savons tous que la guerre entre les fabricants (et la guerre des mots sur le web et dans les blogs) n’est pas sur le point de s’arrêter. Ni dans le mobile, ni dans l’automobile. À ce jour, et malgré de nombreux soubresauts, les trois grands fabricants automobiles de Détroit sont toujours bien en vie. Les Allemands, les Japonais et les Coréens ont aussi leurs créneaux et leurs clients irréductibles.

Mon père, lui, est resté fidèle à Ford durant toutes ces années. Il s’inquiète bien sûr du fait que notre boîte commercialise des intégrations mobiles sur plateforme BlackBerry. Les nouvelles en provenance de Wall Street et dans les médias au sujet de RIM l’inquiètent au plus haut point. Mais j’ai l’habitude, je n’essaie même plus de le rassurer. Je sais que ça relève de la croyance et du spin médatique.

Alors quand je veux lui faire plaisir, je lui rappelle qu’au moins, je conduis une Ford moi aussi… croyance familiale oblige.

Trois arguments en faveur du chaos

À la radio, tout le monde se plaint de la prolifération des chantiers de construction.

Construction de routes. Construction d’édifices, construction d’espaces publics au centre-ville. Certes, la période de transition bouscule le quotidien de citoyens ulcérés qui se défoulent dans les tribunes téléphoniques. Les gens se plaignent parce qu’ils ne conçoivent pas encore les bénéfices qu’amène tout ce chaos. Pourtant…

  • la construction (malgré le chaos passager qu’elle suppose) profite à tout le monde.
  • l’économie des États-Unis souffre énormément du fait qu’elle ne construit pas assez depuis 2008. Cela devrait en porter plus d’un à la réflexion… et  à la patience.
  • le gestionnaire responsable n’a pas peur du chaos. Le chaos symbolise l’amélioration et le progrès.

Il faut continuellement améliorer et modifier nos systèmes pour réussir. Même au bureau. Même à la maison.

Or on ne peut pas se plaindre de la désuétude des infrastructures d’une ville ou des systèmes d’une compagnie ou même de la véranda familiale, sans accepter les inconvénients temporaires qu’entraîne le passage vers le “mieux”.

Décideurs, soyez braves!

Au lieu de vous excuser continuellement du dérangement, rayonnez plutôt de gratitude pour l’opportunité qui vous est donnée d’améliorer le sort de vos semblables. En fait, la meilleure façon de leur adoucir le choc, c’est de diffuser toute l’information possible et imaginable sur les avantages du projet une fois complété.

Usagers, restez positifs et proactifs dans l’attente.

Renseignez-vous. Imaginez la beauté de la future place publique au centre-ville. Pensez au nouvel outil technologique qui rendra sous peu votre travail plus simple. Visualisez ces soirées d’été en bonne compagnie sur votre nouvelle galerie…

Aucun doute que l’amélioration demande un effort à tous.  Mais à la fin, le chaos est positif.

Le chaos mène au progrès. Le chaos mène au “mieux”.

Ingrid Bétancourt

J’ai senti un malaise et une drôle de proximité avec la franco-colombienne Ingrid Bétancourt en lisant son récit autobiographique «Même le silence a une fin», paru aux Éditions Gallimard. Elle raconte le contexte dans lequel sa deuxième preuve de vie a été captée, puis transmise aux autorités colombiennes et expose comment elle a pris connaissance de certains faits, durant sa captivité, par le biais de la radio de Radio-Canada.

«Un jour vers quatre heures de l’après-midi, alors que je jouais avec un poste de radio que Joaquin m’avait apporté en cadeau lors de l’un de ses visites précédentes, je captai, par hasard, sur ondes courtes, les informations de Radio-Canada. (…)

Pour l’heure j’étais à la joie d’avoir découvert Radio-Canada, et d’entendre parler français.

Mais mon plaisir se transforma en épouvante lorsque, à propos d’otages colombiens qui avaient été massacrés par les FARC, j’entendis prononcer mon nom. Je ne savais pas de quoi ils parlaient mais je restai pétrifiée, le poste collé à l’oreille, essayant de comprendre, avec l’angoisse qu’une mauvaise manipulation du poste n’aille me faire perdre ma faible réception du programme. Je ne voulais surtout pas rater la suite du bulletin d’informations. Quelques minutes après, ils répétèrent l’intégralité de la dépêche, et je découvris avec horreur que Gaviria et Echeverri venaient d’être assassinés».

INGRID BÉTANCOURT

Je ne peux m’empêcher de penser qu’à cette époque, j’ai bel et bien présenté des nouvelles concernant cette preuve de vie dans le cadre des bulletins nationaux et internationaux de la radio de Radio-Canada, qui étaient relayés par RCI. Et si c’était le son de ma voix, qui lui avait apporté réconfort puis désarroi, dans le fin fonds de sa prison amazonienne?

Lockout 2002

Le lock-out à Radio-Canada en 2002 fût le pire épisode de ma carrière. Ce qui ne devait être qu’un débrayage d’un jour pour accélérer les négociations s’est transformé en un véritable cauchemar. Des centaines d’employés à la rue pendant deux mois et demi.

Radio-Canada est en lockout!

Jean St-Onge, du service des sports, en piquetage devant Radio-Canada, alors que des agents de sécurité bloquent l’accès à l’édifice.
Photo Eric Barbeau/Barbeau-Images

En un rien de temps, l’enjeu de ce conflit de travail s’est mis à graviter autour des employés à statut précaire. Et sans le vouloir, je suis devenu une sorte de porte-étendard de ces sans-statuts.

À l’époque j’étais journaliste-présentateur dans la salle de nouvelles nationales et internationales. En dépit du fait que j’oeuvrais à la SRC depuis 1992, et dans de fort belles fonctions à Vancouver, à Québec et au réseau national à Montréal, je n’avais jamais connu la permanence ni la stabilité d’emploi. J’ai toujours signé des contrats de 10 mois et je devais me faire engager comme remplaçant d’été aux nouvelles ou dans d’autres services pour boucler l’année.

Mes prises de position durant le conflit m’ont placé en porte-à-faux avec la direction des nouvelles radio. À la fin du conflit en juin 2002 j’ai chèrement payé pour avoir osé décrire nos très instables conditions de travail. Dur apprentissage de la politique!

Quoi qu’il en soit, à la fin du conflit, je suis revenu en ondes aux nouvelles à 6h00 du matin, toujours sans statut, ni permanence. J’ai perdu deux mois et demi de revenus, de l’argent disparu à jamais. Ce matin-là, comme remplaçant, j’ai remercié le public d’être encore à l’écoute en commençant mon bulletin de nouvelles.

Parfois quand je repense à ce conflit de travail, je me remémore la jolie chanson que mon collègue Bertrand Hall avait composé pour l’occasion.

Barbeau-Images

Barbeau-Images (2000-2005)L’idée de lancer ma propre entreprise de photojournalisme est née lors d’un voyage en Équateur en 1999. Les images de la crise des autochtones Qechua que je rapportais chez moi méritaient d’être vues; l’histoire de ce petit pays d’Amérique du Sud méritait d’être racontée et partagée. L’arrivée de l’internet permettait de numériser les négatifs et de faire circuler les images partout dans le monde.

L’aventure photo a duré cinq ans à partir de ce 12 janvier 2000, date à laquelle Le Devoir a publié ma photo équatorienne. J’ai fait une multitude de premières pages par la suite, publié dans des publications prestigieuses comme l’Actualité, La Presse, Québec Science, Philadelphia Inquirer. J’ai voyagé en faisant des images, notamment en Haĩti où je suis retourné en 2004 comme photographe de presse. Mon reportage-photo dans le magazine de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec était finaliste aux Grands prix du magazine québécois en 2005.

L’arrivée des appareils numériques performants vers 2003-2004 a complètement tué le modèle des agences de stock (ou images d’archive). La prolifération d’images gratuites rendait les banques d’images non viables. En 2005, j’ai confié mes droits à l’Agence Alpha-Presse.

À mon retour d’Haïti en 2004, j’ai aussi été souvent invité comme conférencier dans les clubs photo pour parler du journalisme par l’image.

La Facture

Après deux ans comme journaliste d’enquête à la radio, je suis débarqué à l’émission de télévision La Facture en 1996. À l’époque, l’émission était animée par Gilles Gougeon qui en avait élaboré le concept un an plus tôt avec Lucie Gagnon. L’émission à l’époque, attirait un auditoire d’un million de spectateurs assidus tous les mardis soirs.

À La Facture, notre rôle était simple: il fallait poursuivre les méchants fraudeurs ou confronter les institutions qui abusaient de leur pouvoir. L’émission a reçu au fil des ans une multitude de prix Gémeaux.

Tout compte fait

J’ai réalisé plus de 200 enquêtes de consommation à l’émission Tout compte fait depuis Québec entre 1994 et 1996. L’émission quotidienne d’une demi-heure était diffusée à 9h08 sur tout le réseau québécois et elle était animée par Jean Racine.

Je suis particulièrement fier de mon enquête sur les huissiers de justice, qui a mené à l’instigation d’un ordre professionnel des huissiers par le ministre de la Justice de l’époque, Paul Bégin, en 1995. Quelle ne fût pas ma surprise quand son attachée de presse m’a contacté pour me laisser savoir que le Procureur général du Québec avait une annonce exclusive à me faire!

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