Ingrid Bétancourt

J’ai senti un malaise et une drôle de proximité avec la franco-colombienne Ingrid Bétancourt en lisant son récit autobiographique «Même le silence a une fin», paru aux Éditions Gallimard. Elle raconte le contexte dans lequel sa deuxième preuve de vie a été captée, puis transmise aux autorités colombiennes et expose comment elle a pris connaissance de certains faits, durant sa captivité, par le biais de la radio de Radio-Canada.

«Un jour vers quatre heures de l’après-midi, alors que je jouais avec un poste de radio que Joaquin m’avait apporté en cadeau lors de l’un de ses visites précédentes, je captai, par hasard, sur ondes courtes, les informations de Radio-Canada. (…)

Pour l’heure j’étais à la joie d’avoir découvert Radio-Canada, et d’entendre parler français.

Mais mon plaisir se transforma en épouvante lorsque, à propos d’otages colombiens qui avaient été massacrés par les FARC, j’entendis prononcer mon nom. Je ne savais pas de quoi ils parlaient mais je restai pétrifiée, le poste collé à l’oreille, essayant de comprendre, avec l’angoisse qu’une mauvaise manipulation du poste n’aille me faire perdre ma faible réception du programme. Je ne voulais surtout pas rater la suite du bulletin d’informations. Quelques minutes après, ils répétèrent l’intégralité de la dépêche, et je découvris avec horreur que Gaviria et Echeverri venaient d’être assassinés».

INGRID BÉTANCOURT

Je ne peux m’empêcher de penser qu’à cette époque, j’ai bel et bien présenté des nouvelles concernant cette preuve de vie dans le cadre des bulletins nationaux et internationaux de la radio de Radio-Canada, qui étaient relayés par RCI. Et si c’était le son de ma voix, qui lui avait apporté réconfort puis désarroi, dans le fin fonds de sa prison amazonienne?

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